Coopératives modernes
Des coopératives modernes dans un monde globalisé
Ceux qui, face au réseau des coopératives, cultivent un réflexe négatif, voyant en ces entreprises de l’économie sociale des entreprises nécessairement petites, faiblardes, et souvent subventionnées, seront sans doute impressionnés par la création d’une nouvelle « coopérative de solidarité» dont le chiffre d’affaires devrait rapidement frôler les 100 millions de $ en chiffres d’affaires, grâce à l’exploitation d’un service d’achats regroupés pour le réseau des centres de la petite enfance grâce à un site internet transactionnel de haut niveau ! En effet, les centres de la petite enfance ont décidé d’innover en se dotant d’un outil de développement unique : wwwilliam.coop, la coopérative de solidarité du réseau de la petite enfance. Développée par l’Association québécoise des CPE, (AQCPE), la coopération est destinée à augmenter le pouvoir de négociation des CPE sur les prix et la qualité des produits et services et ainsi générer des économies importantes pour le réseau. Lors d’une récente conférence de presse, la président de l’AQCPE déclarait : « La coopérative permettra de conserver le capital à l’intérieur du réseau et, ultimement, de réinvestir ces ressources dans la consolidation des services aux familles et aux enfants.» Actif sur la scène politique ces derniers temps, l’Association des CPE n’en a pas moins simultanément œuvré à développer des services et des outils visant à donner au réseau les moyens d’assurer son propre essor. Ayant débuté ses activités en août 2006, wwwilliam.coop compte déjà 200 membres, 100 fournisseurs et 3000 produits et services en boutique. Selon une étude des besoins effectuée auprès des CPE, avec au moins 10% de rabais net par transaction, chaque CPE membre de la coopérative économisera un minimum de $ 10,000.00 par année. Pour un marché potentiel de 1000 CPE, cela représentera plus de $ 10 millions d’économies par année pour le réseau. Au début d’octobre, par exemple, la CPE Blé d’Or de Lanaudière avait cumulé pour plus de 1310$ d’achats auprès de divers fournisseurs agréés de wwwilliam,coop. Grâce à la coopérative, ce CPE n’a déboursé que 980$ : il a donc économisé 25% sur la valeur totale de ses achats. Selon Jean Lambert, directeur de wwwilliam.coop, la progression du chiffres d’affaires de la coopérative pour les trois premiers mois d’opérant est très encourageante : 300% d’augmentation entre le mois d’août et septembre et une hausse de 500 % de septembre à octobre ! Il croit que selon la rapidité d’adhésion des membres et la solidarité du réseau, les économies prévues pourraient être dépassées. La coopérative pourrait éventuellement étendre son offre aux 14 000 responsables de garde en milieu familial du réseau des CPE. La coopérative mise sur l’achat groupé à partir d’un centre virtuel, le www.william.coop. Ce site internet constitue la plate-forme de transaction de l’entreprise et s’apparente à un centre d’achats dont la principale utilité est de mettre en relation les fournisseurs et les membres. On peut y trouver une gamme de produits et de services habituellement consommés par les centres de la petite enfance : matériel éducatif, aliments, assurances, animation pour enfants, fournitures de bureau, produits d’hygiène, etc. À partir de cette plate-forme, wwwilliam.coop offre quatre services pour répondre aux besoins des membres et leur permettre des économies substantielles en argent et en temps au moment de faire leurs achats. D’abord, l’accès rapide à la liste des fournisseurs agréés. Ensuite, la boutique en ligne et bientôt la circulaire électronique et le système d’achats regroupés. Sur le site internet et dans les communications promotionnelles de l’entreprise, l’offre de ces quatre services est incarnée par un personnage nommé WILLIAM qui représente aussi l’ensemble du personnel de wwwilliam.coop et dont il est en quelque sorte le porte-parole. La coopérative constitue la première entreprise à offrir à l’échelle du Québec un service organisé d’achats regroupés dédié au réseau de la petite enfance. Dans ces conditions, l’utilisation des technologies de l’information et des communications est incontournable afin de faciliter les transactions. Et le choix du modèle coopératif allait de soi puisque le projet est fondé sur le principe d’une rentabilité économique au service d’objectifs sociaux et doit faire écho aux valeurs véhiculées dans le réseau des centres de la petite enfance. L’économie sociale vieillotte ? Voilà qu’elle s’inscrit dans la modernité ! La coopérative de solidarité : c’est quoi ? La coopérative de solidarité se caractérise par la diversification de son membership et son ouverture au partenariat. Selon les dispositions du chapitre V, titre II.1 de la Loi sur les coopératives, on peut définir la coopérative de solidarité comme étant celle qui regroupe à la fois des membres qui sont des utilisateurs des services offerts par la coopérative et des membres qui sont des travailleurs oeuvrant au sein de celle-ci. La coopérative de solidarité peut également avoir comme membre de soutien toute personne ou société ayant un intérêt économique ou social dans la poursuite de l’objet de la coopérative. La coopérative de solidarité offre donc la possibilité aux personnes ayant un intérêt commun et des besoins diversifiés de se regrouper dans une même coopérative. Cette nouvelle forme de coopérative vise toutes les activités supportées par le milieu dont prioritairement celles du secteur de l’économie sociale. Cette forme de coopérative est de plus en plus populaire au Québec puisqu’elle permet de regrouper comme membres de la coopérative – donc, comme participant aux décisions et à une action commune – les usagers, bien sûr, mais aussi les employés, les fournisseurs, ou quelques autres intervenants intéressés par la bonne marche de l’organisation. On retrouve aujourd’hui des coopératives de solidarité dans différents secteurs, comme celui de la santé, par exemple. À cet égard, Jean-Pierre Girard, spécialiste des coopératives de santé, vient de publier un excellent ouvrage sous le titre La Santé autrement – dans lequel sont relatés l’historique des coopératives de santé au Québec mais aussi sur d’autres continents.