Une phrase inachevée
Le débat sur le développement économique n'a souvent de visée que des lorgnettes étroites, celles de la production de richesse calculée en termes financiers. Et pourtant, le produit intérieur brut ne fait pas nécessairement le bonheur du plus grand nombre.
UNE PHRASE INACHEVÉE
La richesse, nous rappelle le savant dictionnaire Larousse, c’est l’abondance de biens, la fortune. Ou encore, ce sont les ressources naturelles d’un pays, d’une région. Or, dans notre monde où la finance et l’économie ont pris toute la place, il est devenu de bon ton de faire l’éloge de la richesse. Même les politiciens, enclins à faire écho à ce qui est à la mode, jouent le jeu et placent au haut de la liste de leurs priorités, celle de favoriser la croissance de ce qu'on appelle le produit intérieur brut. À leur avis, il faut de toute urgence créer de la richesse, clament-ils avec trémolos dans la voix.
Cette phrase maintes fois répétée ne fait toutefois que proposer une action sans en préciser l’objectif. Créer de la richesse ? Mais pour qui ? Pourquoi ? Voilà ce que l'on voudrait savoir. Faut-il créer de la richesse pour créer plus de riches, au détriment d'une majorité ? Faut-il créer de la richesse pour élargir l'écart entre les riches et les autres ? Ou faut-il créer de la richesse afin de mieux répartir la richesse, réduire les écarts entre les uns et les autres, combattre la pauvreté ?
Pourquoi faudrait-il augmenter l’abondance des biens et exploiter davantage la planète alors que celle-ci s’essouffle et demande grâce ? Pourquoi faudrait-il augmenter davantage la richesse alors que se dépensent des sommes folles à faire des guerres violentes en bien des replis de la planète? Faudrait-il augmenter la richesse pour soutenir ces guerres et ces violences ?
On ne sait pas. Cette phrase - il faut créer de la richesse ! - reste inachevée. Il importe de la compléter !
Car. riches ou pas, tous désirent le bonheur. La richesse de quelques-uns ne fait le bonheur de tous ! La richesse individuelle ne crée pas la richesse collective. Ce qui laisse supposer que s'il importe d'augmenter le PIB (le produit intérieur brut), il faut aussi, il me semble, faire autant d'efforts et mettre autant d'ingéniosité à augmenter le BIB ( le bonheur intérieur brut.)